Une saison à deux visages
Un bilan équilibré (14 victoires, 2 nuls, 14 défaites), une différence de buts légèrement négative (-8), et une 7e place finale derrière un top 6 bien installé : le PAUC a connu une saison en deux temps. Capable de rivaliser avec les cadors, comme face au PSG (défaite de justesse lors de la J10) ou contre Nantes (match nul à l’Arena du Pays d’Aix), les hommes d’Éric Forets ont aussi laissé échapper des points à domicile contre des adversaires à leur portée.
Symbole de cette irrégularité : la défaite face à Tremblay (25-28) en début de saison, marquée par un triste record de 32 tirs manqués et une efficacité offensive limitée à 44 %. Mais l’effectif a su réagir, avec notamment une montée en puissance de ses jeunes talents.
Desblancs, révélation de l’année
Si Ian Tarrafeta a brillé pour sa dernière saison sous les couleurs aixoises, c’est bien Eliott Desblancs qui incarne l’avenir du club. Aligné sur 30 rencontres, le jeune demi-centre a réalisé une très belle seconde partie de saison avec 82 buts et 106 passes décisives. Une régularité qui lui a valu d’être sacré meilleur espoir du championnat lors des Trophées LNH à Paris. À ses côtés, le géant Mouhamadou Sidibé (2m) s’est imposé comme un pilier défensif. Présent à 29 reprises cette saison, le jeune arrière a même goûté à l’Équipe de France A en juin dernier.
Avec une base jeune prometteuse et un projet en cours de structuration, le PAUC espère désormais retrouver les joutes européennes à court terme. La stabilité du club, sa formation et sa capacité à rivaliser avec les plus grands laissent entrevoir de belles perspectives pour la saison prochaine.
Interview avec E. DESBLANCS
Meilleur espoir d’un des meilleurs championnats en Europe. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?
C’est une énorme fierté d’avoir reçu ce trophée, qui est le fruit d’un travail personnel, mais surtout collectif, réalisé avec mes coéquipiers et les entraîneurs cette année. Ce n’était pas du tout un objectif en début de saison, donc je le savoure d’autant plus. Ce trophée vient récompenser ma saison, mais il représente aussi toute l’équipe et le club — notamment Ian, qui a été pour moi une source d’inspiration et d’imagination handballistique depuis mes débuts ici. Maintenant, j’ai hâte de confirmer la saison prochaine avec mon équipe.
Vous terminez 7e avec Aix, capable de battre Toulouse et d’accrocher Nantes. Comment tu juges votre saison ? Il y avait la place pour mieux ?
Notre saison est difficile à juger. On a su alterner le très bon… et le très mauvais. On a connu un début de championnat compliqué, où l’on n’arrivait pas à produire notre jeu de manière régulière, avec notamment ces trois défaites consécutives en octobre. L’équipe a su réagir lors du match contre Nîmes, qui, je pense, nous a réellement lancés dans notre saison, avec de très bons résultats ensuite contre des concurrents directs. On a réussi à prendre des points contre des équipes comme Nantes, 3e en Ligue des Champions, mais on a aussi perdu contre Ivry et Créteil, relégués cette année. Cela montre encore une fois la densité de notre championnat, où tous les matchs sont importants et difficiles à jouer. Il y avait sûrement la place pour mieux faire, avec plus de régularité dans notre jeu. Notre défaut, mais aussi notre force cette saison, a été notre capacité à nous hisser au niveau de l’adversaire. Cela nous a permis d’accrocher toutes les équipes, mais aussi de perdre des points contre n’importe qui. Je reste quand même très fier de la saison que nous avons réalisée avec ce groupe.
Le départ de Romain Lagarde t’a offert plus de responsabilités. Tu t’es senti pleinement libéré sur la base arrière en deuxième partie de saison ?
Forcément, le départ de Romain mais aussi celui de Rohnan m’ont offert des responsabilités qui ne m’étaient pas destinées au départ. Ma saison n’aurait certainement pas été la même, mais j’ai pris cela comme une opportunité, comme depuis le début de mon parcours. On dit souvent que dans le sport, il faut avoir de la chance : ça a été le cas pour moi, avec cette opportunité de m’exprimer. Mais derrière, il fallait répondre présent très rapidement sur le terrain et m’adapter à mon nouveau rôle dans l’équipe.
On sent que tu prends du plaisir dans le jeu, notamment dans la relation avec le gardien gardien adverse (tirs dans le dos, chabala, roucoulette). C’est quelque chose que tu travailles ou qui vient naturellement ?
Effectivement, j’aime beaucoup ce côté spectaculaire du handball. J’y prends du plaisir en réalisant ces gestes. C’est quelque chose de spontané, que je ne calcule pas du tout — mais il faut rester efficace (j’aurais pu me retrouver sur le banc à certains moments…). Je ne travaille pas vraiment ces gestes à l’entraînement ; d’ailleurs, je pense avoir eu plus de réussite sur ces actions en match qu’à l’entraînement.
Le Mondial U21 se termine avec une 10e place. Un peu de frustration sur ce mondial ?
Il y a un peu, voire énormément, de frustration après ce Mondial. On n’a pas su exploiter nos qualités individuelles au service du collectif. C’était pourtant un problème identifié depuis longtemps par le staff. On n’avait pas de star, mais on avait beaucoup de qualités qu’on n’a pas su mettre au service de l’équipe. Donc forcément, on a des regrets, car il y avait clairement la place pour faire bien mieux. Mais porter ce maillot bleu a été une réelle fierté durant ces quatre années avec France Jeunes, et j’en garde de très bon souvenirs.
BERTHELOT Pierre